Le meurtre de Weimar by Johann Chapoutot

Le meurtre de Weimar by Johann Chapoutot

Auteur:Johann Chapoutot
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines et sociales
Éditeur: Presses Universitaires de France


Par une curieuse ironie du hasard, ce sont précisément des nazis qui vont les premiers tomber sous le coup de cette législation d’exception : les assassins de Konrad Pietzuch, ouvrier communiste de Potempa, surpris dans son sommeil, battu, étranglé et piétiné à mort dans la nuit du 9 au 10 août 1932.

La première arrestation a lieu dans la nuit du meurtre, le 10 août vers 2h30 du matin. Les autres suivent, à l’exception de quelques meurtriers ou membres de l’équipée en fuite, comme le boucher Golombek. La nouvelle du meurtre et du prochain procès devant une juridiction spéciale est annoncée par divers journaux allemands dès le 12 août [62] . Le Völkischer Beobachter, pour sa part, reste pudiquement silencieux. Nous savons grâce à une note des services de renseignement du gouvernement [63]  que l’affaire embarrasse au plus haut point les dirigeants nazis. Pour Hitler, qui tente de convaincre Hindenburg de le nommer chancelier, le meurtre lâche, éthylique et sordide perpétré par cinq SA armés sur un homme surpris dans son lit, est une macule qui ne peut que ternir l’image du parti : comment faire passer une telle bande de lâches voyous pour les défenseurs chevaleresques de la nation allemande ? Hitler est rien moins que pressé d’afficher sa solidarité avec de tels « camarades ».

On note que Ernst Röhm, chef des SA, prend publiquement position, le 17 août 1932, dans un article de presse déjà cité. Röhm a été mis au courant de l’affaire de Potempa et du procès qui s’annonce, non seulement par la presse, mais aussi par son ami et amant, le SAObergruppenführer Edmund Heines, chef des SA de Silésie. Il sait qu’un tribunal spécial va être réuni selon les dispositions de l’ordonnance du 9 août. Il sait également que le cas est difficilement défendable, et que la peine de mort ne fait guère de doute. Il sait aussi qu’il doit contenir une masse de plusieurs centaines de milliers de SA dont il ne répond peut-être plus si les SA de Potempa sont effectivement condamnés à mort et exécutés pour le meurtre d’un communiste. Passant outre les hésitations de son chef, Röhm écrit ainsi :

C’est en état de légitime défense contre les agressions sanglantes des marxistes que des représailles ont été exercées dans des régions particulièrement menacées et éprouvées. Il est de mon devoir d’être aux côtés de nos hommes qui, parce qu’ils ont exercé leur droit de se défendre, ont été poursuivis et placés sous main de justice [64] .



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